Page 69 - Santé+ Magazine n° 115
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LES TROIS SITUATIONS
Et comment arrêter ? deux, trois ou quatre l’âge
Aux yeux des praticiens QUI NOUS AMÈNENT auquel une personne est
en psychosomatique, il À « SOMATISER » tombée malade et de lui
est évident que certaines demander ce qu’elle a vécu à
émotions s’expriment par ces périodes.
le corps plutôt qu’en pleine
conscience. Mais pourquoi Un « CRI »
ce phénomène se produit- LA CONTRADICTION Contradiction, résonance,
il ? Qu’est-ce qui fait qu’à INSURMONTABLE identification : c’est comme
certains moments, nous un « CRI » — ce qui nous
sommes conscients de nos Dans la première, nous vivons une échappe lorsque nous
émotions tandis qu’à d’autres, contradiction déchirante. Leila désirait avons peur ou mal. Peur
celles-ci s’expriment par son troisième enfant, mais sa raison l’a ou douleur de choisir, peur
une maladie physique ? poussée à interrompre la grossesse, ou douleur de retrouver
Ces questions essentielles, contradiction qui faisait écho à celle une vieille blessure, peur
nous allons les explorer au vécue à neuf ans et demi, quand son ou douleur de perdre nos
travers de l’histoire de Leila, père lui avait demandé de choisir entre repères ou notre image
une femme de 38 ans chez sa mère et lui. de nous-mêmes. Ces
qui son médecin venait de trois peurs sont comme
découvrir un cancer du corps des portes par lesquelles
de l’utérus. Son histoire est l’émotion entre dans le
révélatrice des mécanismes à corps pour s’y déguiser en
l’œuvre dans la somatisation. LA RÉSONANCE DU PASSÉ maladie.
La seconde situation est comme une Un rituel de
résonance : Leila, qui avait mis des réconciliation
années à surmonter le sentiment Pour Leila, plutôt
d’avoir « tué » son père (suicidé après qu’aborder ces peurs
l’avoir sollicitée pour partir avec lui), séparément, un rituel a été
certaines émotions vit cette douleur ressurgir lorsque, à proposé : installer face à
38 ans, elle décide d’une seconde IVG,
s’expriment par comme la répétition d’un meurtre dans soi une photo ou une carte
avec le nom du défunt,
le corps . le « nid ». encadrée d’une fleur et
d’une bougie, puis lui parler
avec le cœur. Dix à douze
minutes suffisent, à répéter
régulièrement. Lorsque
Notre temps L’ATTEINTE À NOTRE Leila a ressenti comme
d’existence se IDENTITÉ un déclic, elle s’est sentie
déroule-t-il de « intensément enveloppée
manière cyclique ? Enfin, la troisième situation survient d’amour et pardonnée ».
N’est-ce pas un peu comme quand nous nous sentons touchés Illusion ou réalité ? Peu
si les questions douloureuses dans notre identité, dans l’image que importe : cela l’a aidée à se
qui hantaient notre mémoire nous avons de nous-mêmes. Entre réconcilier avec elle-même.
avaient tendance à se poser cette image idéalisée et celle renvoyée
de nouveau, d’une manière par la réalité, la déchirure peut être Cela pour dire qu’entre
récurrente, pour recevoir insurmontable, nous touchant dans nos l’approche subjective et celle
une réponse ? Ce n’est qu’une références les plus profondes. objective des faits, c’est une
hypothèse, mais il est parfois tout autre réconciliation qui
très éclairant de diviser par nous attend !
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