Page 95 - Santé+ Magazine n° 115

Crises, colères : ce qui est Petits exemples qui en
(vraiment) normal
Avant de tirer la sonnette
d’alarme, faisons un petit détour
par le développement de l’enfant.
Oui, les crises font partie du
jeu ! À 2 ans, 4 ans et même à
l’adolescence, affirmer son “non”
est une manière pour l’enfant
de construire son identité. Rien
d’alarmant, donc, si votre petit
exprime sa frustration. Ce n’est
pas automatiquement un enfant-
roi… mais certaines habitudes,
elles, peuvent bel et bien
l’encourager à le devenir.
Quand l’enfant prend
le pouvoir : les signes à
reconnaître
L’enfant-roi, ce n’est pas juste
un petit avec du caractère.
C’est celui qui, sans qu’on s’en
rende compte, dicte le rythme
de la maison. Il réclame, exige,
refuse, crie… et obtient. En fait,
il n’a jamais vraiment appris à
composer avec la frustration.
« Un enfant éduqué sans limites
vivra dans la confusion du
pouvoir », dit souvent Saïda
Senoussi, psychologue pour
enfant — une phrase qui rappelle
combien l’absence de cadre
peut désorienter l’enfant. Ce
n’est pas qu’il est “méchant” ou
“capricieux”, c’est juste qu’il n’a
pas été entraîné à entendre “non”.
Et bien souvent, cela n’a rien
à voir avec de la paresse ou
du laxisme parental. C’est
plutôt une accumulation de
petits renoncements, liés à un
quotidien ultra-chargé : manque
de temps, fatigue, envie de
compenser une séparation, peur
du conflit… Autant de raisons
compréhensibles qui peuvent, à la
longue, transformer un enfant en
mini-monarque.
et c’est dans cette répétition que le
disent long… déséquilibre s’installe.
On achète un jouet pour éviter une
scène dans un magasin. L’art d’éduquer sans
On laisse la télé allumée plus dominer
longtemps pour souffler un peu. Éduquer, ce n’est pas écraser ni
On redonne un jouet confisqué tout contrôler. C’est poser un cadre
pour faire cesser les cris. sécurisant, dans lequel l’enfant
On évite de recadrer devant apprend à vivre avec les autres, à
les autres pour “ne pas faire de gérer ses frustrations et à se sentir
vagues”. respecté… tout en respectant les
autres. Car oui, un enfant heureux,
Chaque cas isolé est c’est un enfant qui connaît les limites
compréhensible. Mais « c’est la — et qui sait qu’on les tiendra, même
répétition des compromis qui s’il râle.
installe une dynamique où l’enfant
croit pouvoir négocier toute Un “non” ferme aujourd’hui, c’est
règle », affirme Saïda Senoussi, souvent un “merci” demain.
REPRENDRE LES COMMANDES
SANS CULPABILISER
La bonne nouvelle ? Il n’est jamais trop tard pour redresser la
barre. Mais il faut accepter une vérité simple : poser des limites ne
plaira pas toujours à votre enfant. Et ce n’est pas grave. Frustrer
un enfant de temps en temps, ce n’est pas briser son cœur… c’est
l’aider à grandir ! « Le non posé avec bienveillance est le cadeau
d’un cadre fiable », rappelle Saïda Senoussi — un cadre qui
rassure l’enfant sur le long terme.
Voici quelques pistes concrètes pour remettre un cadre, en
douceur mais avec fermeté :
Tenez vos Définissez vos règles non- Faites patienter.
décisions. Dire négociables. Et tenez bon. L’enfant
non, c’est bien. L’heure du coucher, par apprend à
Ne pas revenir exemple, peut être fixe, attendre. Tout
dessus, c’est mais votre enfant peut ne doit pas être
encore mieux. choisir son pyjama. immédiat.
Donnez-lui du Préférez les privilèges Restez cohérents
pouvoir… cadré. Il aux cadeaux. Un à deux. Accordez-
peut choisir entre moment spécial avec vous sur les règles
deux options que vous, une activité pour éviter les
vous validez, mais sympa, valent bien doubles discours.
pas tout décider. plus qu’un jouet.
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